La transformation des émotions

Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste

 

Au creux de cet hiver terne, le manque de soleil et de lumière que nous subissons depuis l’automne nous mène peut-être vers la dépression saisonnière, ou du moins peut occasionner une certaine morosité ou un manque d’énergie et d’enthousiasme. Toutefois, si nos émotions ressemblent parfois à des montagnes russes, elles ne sont ni perçues, ni définies, de la même manière par différents thérapeutes ou mouvements spirituels…

Par exemple, pour la psychologue et neuroscientifique Lisa Feldman Barrett, une émotion serait un événement mental destiné à assumer la fonction principale du cerveau, soit celle de contrôler notre corps, le coordonner, le réguler pour le maintenir en vie et en bonne santé. Notre cerveau s’appuierait sur des expériences comparables à des situations vécues antérieurement, afin de guider nos actions et savoir quoi faire dans l’instant suivant. Le cerveau serait cependant un maître de l’illusion, nous faisant croire que nous réagissons à ce qui nous arrive, alors que nous sommes en train d’anticiper. Ainsi, il commence par prédire la marche à suivre pour modifier l’état interne du corps, ainsi que les mouvements moteurs et viscéraux (pompage, contractions, sécrétions…). En fonction de son interprétation, l’activité neuronale se modifie pour se préparer à recevoir des données sensorielles, avant même qu’elles n’arrivent. Ainsi nos émotions, selon cette psychologue, seraient appropriées ou inappropriées, dépendamment des circonstances et de nos objectifs…

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Pour beaucoup de personnes de nos jours, le climat d’incertitude persistant tend à provoquer de la fatigue, de la nervosité ou des difficultés de concentration, parce que le cerveau n’arrive plus à prédire.  À cela peut s’ajouter un sentiment d’isolement source de nombreux problèmes de santé. Notre métabolisme joue donc un rôle important dans le déclenchement de nombreuses maladies.

Dans un autre ordre d’idée, le moine bouddhiste Matthieu Richard, parle d’états mentaux bénéfiques, comme l’amour altruiste et l’émerveillement par exemple, ou destructeurs, comme la haine ou l’arrogance… Un facteur mental peut nous tourmenter et obscurcir notre jugement. Comme le disait le poète Jacques Prévert : « Le mental ment monumentalement ». Ainsi, certains types d’activité mentale favorisent notre bien-être comme celui des autres, alors que d’autres seraient nuisibles à court et à long terme. Pour savoir si une émotion est constructive ou perturbatrice, il s’agit d’en examiner la motivation (attitude mentale et but fixé) et les résultats. Si une émotion renforce notre paix intérieure, elle serait constructive, cependant, si elle détruit notre sérénité, trouble profondément notre esprit et nuit aux autres, elle devient perturbatrice…   

Pour mieux connaître le fonctionnement de notre esprit, il s’agit, dans un premier temps, d’identifier comment nos émotions surviennent, par une attention vigilante au déroulement de nos activités mentales. Puis on s’exercera à distinguer les émotions destructrices de celles qui favorisent l’épanouissement du bonheur. Une fois l’esprit clarifié et concentré, on peut alors examiner avec efficacité la nature des émotions. Cet effort d’introspection apportera de nouvelles satisfactions, le sentiment d’acquérir une liberté et une force intérieure grandissante. Le sentiment d’insécurité fait alors place à une confiance empreinte de joie de vivre, et l’égocentrisme chronique à un altruisme chaleureux. Et bien sûr, notre santé globale ne peut qu’en bénéficier grandement…

Géranium, Pelargonium graveolens

Plusieurs huiles essentielles peuvent nous aider à apaiser notre esprit et nos émotions, les odeurs nous mettant en contact avec des mémoires enfouies pour évoluer vers plus de sérénité.

On utilisera par exemple, pendant 3 semaines, 2 gouttes d’HE avec 1 goutte d’HV à l’intérieur des poignets que l’on frottera ensemble, puis qu’on inhalera profondément :

Géranium (Pelargonium graveolens) : calme l’agitation, l’anxiété, la nervosité et l’irritabilité.

Menthe poivrée (Mentha piperita) : favorise l’affirmation de soi, la confiance et l’assurance.  

Camomille noble (Chamaemelum nobile) : traite les suites de chocs affectifs, évacue les idées fixes, calme l’impatience, la colère, et le ressentiment

Petit grain bigarade (Citrus auranthium ssp amara) : traite les obsessions, aide à supporter les moments de tristesse et diminue la tendance à anesthésier sa conscience.

Oliban (Boswellia carterii) : dispose au recueillement et contribue à développer la volonté et le courage, nous aidant à être plus responsables de nos actions.

On peut avec de la pratique, non pas refouler une émotion douloureuse, comme une crise de colère par exemple, mais plutôt concentrer notre attention sur la colère elle-même, au lieu de la fixer sur son objet (l’autre, ses torts…). On sentira que l’émotion se dissipe en réalisant qu’elle n’a pas de substance réelle. Si on tend de plus à identifier les justes causes de la colère, qui incitent à l’action et à surmonter un obstacle, on pourra alors l’utiliser de manière positive et profitable pour soi et les autres. Il en va de même pour la haine, si on remonte le courant vers sa source, en tournant à l’inverse notre esprit vers l’amour et la compassion…

@ L’Académie HerbHoliste 2024