Transformer la colère

Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste

 La colère est l’émotion que nous craignons le plus, car elle peut nous pousser à des comportements violents. Voilà pourquoi la société nous a incité à la réprimer pour éviter les débordements. Pourtant, cette colère refoulée gronde peut-être en nous depuis notre tendre enfance. Une simple étincelle pourrait ranimer ce feu qui nous consume, pouvant conduire à toutes sortes de conflits et d’agressions…

Au départ, la colère n’est pourtant qu’une protection de notre intégrité lorsque nous croyions que notre désir est contrarié par quelqu’un, générant pour nous un obstacle, un blocage. La colère est l’expression d’un « NON » face à une injustice, à une violation. Une colère sincère a un objet bien précis et s’avère souvent justifiée : en l’exprimant sans violence, en temps opportun, on expose l’injustice en nous défendant d’une manière profitable à toutes les parties concernées.

Dans un premier temps, il s’agit de reconnaître sa colère, sans porter de jugement et sans vouloir s’en débarrasser, ce qui ne ferait que la tasser dans un coin. Cette colère nous appartient, ressentons-là dans toutes les fibres de notre être, comme un petit enfant qui trépigne de rage. Voyez et ressentez comment l’enfant, ayant exprimé sa colère, passe rapidement à autre chose et redevient joyeux…

Pour un adulte, il y a beaucoup plus de colère refoulée et donc plus de travail à faire sur soi pour trouver la source de cette colère. Quelle est son origine ?  Prenez le temps, les yeux fermés, de la ressentir. Plongez alors plus profondément à l’intérieur de votre être pour arriver à votre centre.   Le calme s’installera, car en ce centre, comme dans l’œil d’un ouragan, il n’y a plus de tempête, il n’y a plus de mouvement, le beau temps est revenu …

S’il importe de reconnaître sa colère et de l’exprimer, sans la condamner, cela ne signifie pas de le faire publiquement, risquant d’attiser la colère des personnes présentes et par ricochet notre propre emportement. Attendez le moment propice pour vous retirer dans votre chambre, frappez dans votre oreiller ou tenez-vous devant le miroir, hurlez, dites tout ce que vous n’avez jamais dit à personne même si ce n’était pas l’envie qui manquait. Inutile de cracher sans retenue son venin sur quelqu’un, en personne ou sur les médias sociaux, une déplorable attitude qui s’avère en croissance de nos jours. Ce serait comme se promener avec un charbon ardent dans la main dans le but de le lancer à un prétendu adversaire, ne faisant alors que se brûler davantage.

On dit du foie qu’il est le siège de la colère. Cet organe possède de nombreuses fonctions digestives et hormonales. Comme important émonctoire, il nettoie le sang de ses poisons, et par ricochet, protège notre état émotionnel, en l’épurant des toxines psychiques…

En relation avec l’épuration du sang, le foie : tue les microbes et les virus et neutralise les toxines, inactive et évacue les substances toxiques qui ont été consommées, élimine du sang les résidus des métabolismes cellulaires et dégrade les déchets issus de fermentations et putréfactions intestinales.

Le printemps est la meilleure période pour soutenir les fonctions hépatiques, par exemple, à l’aide de ces huiles essentielles (HE) et essences (zestes) en externe et de ces hydrolats en interne :

HE d’Oranger amer (petit grain Bigarade) : calme l’agitation, la colère et les coliques hépatiques. HE de Menthe poivrée : tonique nerveux et digestif, traite l’insuffisance biliaire et pancréatique.   Essence de Mandarine : lutte contre l’irritabilité, favorise la digestion et apaise la colère.

Appliquer une goutte de chaque plante sur le plexus solaire et l’intérieur des poignets.

L’hydrolat de Lédon du Groenland ou de Romarin à verbénone décongestionnent le foie, on prendra 1 c. à s. d’un d’hydrolat dans un verre d’eau 2 à 3 fois par jour pendant 3 semaines. 

Houx, Ilex aquifolium

On pourra aussi utiliser les élixirs floraux du Dr Bach pour calmer la colère :

Impatiens (impatiente) : en cas de colères subites, d’irritabilité, d’agitation ou d’intolérance.

Holly (houx) : pour les crises de rage, la frustration, l’amertume, la jalousie, la haine…

Willow (saule) : pour la colère contenue, le ressentiment, la rancœur et le désir de vengeance…

Choisir les essences appropriées à notre condition. Remplir d’eau filtrée un flacon muni d’une pipette compte-goutte de 30 ml. Prélever du concentré 3 gouttes pour chaque élixir choisi et les mettre dans le flacon. Puis prendre 4 gouttes du mélange, sous la langue, 4 fois par jour ou plus.

Prenons conscience de notre colère, sans nous blâmer ou blâmer autrui, ce qui pourrait envenimer la situation. La colère est pleine d’énergie, elle est relationnelle ; qu’on soit en conflit avec d’autres personnes ou avec d’autres peuples, restons diplomates pour éteindre la crise. La compréhension du phénomène de la colère apportera une transformation. Cette paix si cruellement manquante dans notre monde subsiste pourtant au centre de chacun de nous, c’est notre vraie nature compatissante…

@ L’Académie HerbHoliste 2024