Les sens des plantes

Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste

Les sens étant nécessaires à la vie, les plantes ne pourraient s’en passer et en auraient une quinzaine, selon les recherches en neurobiologie végétale. Bien qu’elles ne possèdent ni yeux, ni oreilles, ni nez, ni bouche, ni peau, toutes leurs facultés sensorielles sont présentes un peu partout, de sorte que presque aucune de leurs parties ne leur sont indispensables. Heureusement, car les herbivores auraient tôt fait de leur manger la « tête », ce qui n’aurait pas de bon « sens » !

La vue des plantes se rapporte à leurs « sens de la lumière » ou à la « perception des stimuli visuels ». La lumière constitue la principale source de consommation énergétique des plantes, fondée sur la photosynthèse. Celles-ci modifient leur position en fonction de l’orientation de la lumière ; ce mouvement se nomme « phototropisme ». Des photorécepteurs absorbent les longueurs d’onde du rouge à l’ultraviolet, régissant le développement du végétal de la germination à la floraison, à la manière de petits yeux recouvrant toute la plante.     

L’odorat des plantes sert à  recevoir des données sur leur environnement et à communiquer entre elles ou avec les insectes.  Pour se faire, elles utilisent des molécules dites COVB ou « Composés Organiques Volatils Biogéniques ». La tomate attaquée par des insectes herbivores émet tant de COVB qu’elle peut alerter des plants situés à des centaines de mètres de distance. 

Nepenthes lowii, Nepenthes veitchii, Nepenthes macrophylla.

Le sens du goût des plantes se traduit par leurs perceptions des infimes gradients chimiques présents sur le terrain. Les plantes produisent ainsi un nombre élevé de racines là où la concentration d’aliments est la plus forte et continuent à s’enraciner dans le sol jusqu’à l’absorption complète des sels minéraux.  Le régime alimentaire des plantes carnivores, comme les Nepenthes, se nourrissant de rats et de petits reptiles, manifeste sans équivoque ses capacités gustatives.   

Le toucher des végétaux relève de petits organes regroupés principalement dans les cellules épidermiques riches en récepteurs appelés « canaux mécano-sensibles », capables de s’activer lorsqu’ils sont touchés ou qu’ils perçoivent des vibrations. Ainsi, la feuille du Mimosa pudica, se rétracte si on la touche, mais pas si elle reçoit une goutte d’eau ou si elle est secouée par le vent. Cette plante distingue donc les différents stimuli et ne se referme que si elle sent un danger.

Mimosa pudica

L’ouïe sans oreilles des plantes capte les vibrations sonores de la terre. Un viticulteur a fait entendre de la musique pendant 5 ans à certains plans de ses vignes, ceux-ci ont mieux poussé que les plans non exposés et ont produit un meilleur raisin. Ce sont les basses fréquences (entre 100 et 500 hertz) qui favorisent leurs croissances. De plus, la musique ayant éloigné les insectes, l’usage de pesticides s’en est trouvé très réduite, ouvrant la voie à l’agriculture phonobiologique.   

Les plantes possèdent bien d’autres sens : elles peuvent connaître la quantité d’eau dans le sol, percevoir les champs électromagnétiques, identifier les éléments chimiques bénéfiques ou dommageables à leur croissance, comme la présence de métaux dangereux…

Ainsi, les végétaux sont capables de dépolluer des terrains et des eaux, offrant des solutions pour assainir les sols de manière peu onéreuse et efficace, grâce à une nouvelle biotechnologie appelée « phytoremédiation » dont le potentiel économique et environnemental semble très prometteur. 

En vous souhaitant les meilleures solutions et résolutions en cette période des fêtes ! 

  

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