Des fruits anti-inflammatoires

Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste

 

Les fruits nous prodiguent des aliments savoureux et riches en substances nutritives. Parmi ceux possédant une activité antioxydante remarquable mentionnons : les baies, les agrumes, la pomme, la cerise, la poire, l’ananas, le kiwi, le cantaloup, le melon d’eau, la tomate… Ces fruits contiennent non seulement des vitamines et des minéraux, mais aussi des composés phytochimiques responsables des propriétés bénéfiques offrant une réelle protection contre des maladies chroniques comme l’arthrose et le cancer. Bien sûr, plusieurs légumes comme les choux, l’ail, l’oignon, et même des épices comme le curcuma, possèdent aussi de merveilleuses propriétés à la fois anti-inflammatoires et anticancérigènes. Nous en reparlerons prochainement, penchons-nous ici sur quelques petites merveilles :

La Tomate (Lycopersicon esculentum) : son nom latin signifiant « pêche de loup comestible » s’inspire d’une légende allemande prétendant que les sorcières utilisaient des substances hallucinogènes de certaines solanacées comme la belladone et la mandragore. Comme la tomate appartient à cette famille, on a longtemps considéré ce fruit (du point de vue botanique) comme dangereux. Les plants de tomates contiennent bien un alcaloïde toxique, la tomatine, qui est présente presqu’exclusivement dans les feuilles et la racine. Le murissement fait disparaître cette substance non désirable dans la tomate. Le lycopène possède des propriétés protectrices, contre le cancer de la prostate notamment. Ce caroténoïde est beaucoup plus abondant dans l’espèce sauvage (Lycopersicon pimpinellifolium) et mieux assimilable dans les tomates cuites avec l’ajout de matière grasse. Le lycopène et d’autres composés bénéfiques dans les tomates réduisent également le risque de maladies associées à l’inflammation chronique.    

La tomate sauvage (Lycopersicon pimpinellifolium)

Le Pommier (Malus pumila ou Malus baccata) :  Le potentiel anti-inflammatoire de la pomme nous ramène au vieil adage prétendant qu’« une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours. » Si c’est trop beau pour être vrai, il n’en demeure pas moins que la consommation régulière de pommes permet d’abaisser les taux sanguins de marqueurs inflammatoires. De précieux polyphénols et des fibres sont contenus dans la pelure, ceux-ci aident les bactéries intestinales saines influençant également les processus inflammatoires. Les pommes conservent leur teneur en polyphénols pendant plusieurs semaines après l’entreposage. Elles sont cependant plus fraîches et savoureuses pendant la haute saison, de septembre à octobre. On peut de plus profiter d’une cueillette agréable en famille ou avec des ami-e-s dans nos nombreux vergers…  

Ananas (Ananas comosus)

L’Ananas (Ananas comosus) : riche en caroténoïdes et en vitamines C, ce fruit contient également une enzyme, la bromélaïne, qui agit sur la dégradation des protéines, favorisant la digestion et jouant un rôle anti-inflammatoire et cicatrisant. Le fruit mûr diminue l’acidité gastrique et réduit les flatulences. Ce fruit lutte contre l’agrégation plaquettaire et on le recommande dans le traitement des œdèmes post-traumatiques ou post-opératoires. La bromélaïne peut cependant irriter les muqueuses digestives des enfants de moins de 6 ans. Ce fruit  entraîne parfois des réactions allergiques…  

La Framboise (Rubus idaeus) : comme les autres baies, la framboise peut atténuer l’inflammation, en raison de sa teneur élevée en vitamine C, en anthocyanes et en plusieurs autres composés phénoliques. La framboise est exceptionnellement riche en fibres alimentaires aidant l’intestin à maintenir de bonnes bactéries, participant aux défenses inflammatoires de l’organisme. La teneur en acide folique (vitamine B9) des feuilles de framboisier sont bénéfiques à la femme enceinte ou en préparation à l’accouchement ; comme tonique utérin, elles soulagent aussi les douleurs menstruelles.

La Fraise (Fragaria vesca) :  l’acide ellagique contenu dans les extraits de fraises comme de framboises, pourrait contrer la croissance de cellules cancéreuses.  Une alimentation riche en fraises ou framboises semble réduire le nombre de tumeurs de l’œsophage. Ce délicieux fruit est recommandé contre l’arthrite, les rhumatismes et les affections du foie grâce à son effet diurétique et laxatif. Toutefois sa consommation peut entraîner une urticaire chez les personnes prédisposées. En mangeant une petite parcelle du fruit, on arrivera peut-être à une désensibilisation. En usage externe, les fraises embellissent le teint. Il s’agit de maintenir la bouillie de fraises 10 minutes sur le visage à l’aide d’une gaze…  

Grenadier (Punica granatum)

Le Grenadier (Punica granatum) : son fruit, la grenade, contient des graines entourées de pulpe grenat, délicatement acidulée et très rafraichissante. Grâce à ses polyphénols, sa vitamines C et plusieurs antioxydants, la grenade possède de puissantes propriétés anti-inflammatoires. Son jus, notamment, peut aider à calmer l’inflammation associée aux maladies cardiaques, aux maladies intestinales inflammatoires et à l’arthrite. La grenade est aussi un bon fortifiant contre la fatigue.

Le Pamplemousse (Citrus paradisi) : le pamplemousse que nous connaissons maintenant est en fait une variété de pomelo, crée à partir d’un croissement de l’orange et du pamplemousse. Ce fruit est entre autres une bonne source de lycopène et de bêta-carotène. Comme les autres agrumes, il possède des propriétés anti-inflammatoires et protège les cellules des dommages sous-jacents qui contribuent au développement de maladies graves. Cependant le pamplemousse ou son jus peuvent fortement interagir avec la prise de plusieurs médicaments comme les pseudoéphédrines, certaines statines, les hypotenseurs, les contraceptifs oraux et les immunosuppresseurs. Consultez votre spécialiste de la santé pour connaître les interactions.  

L’Orange (Citrus sinensis) : une orange contient près de 200 composés différents, dont une soixantaine de polyphénols et plusieurs terpènes.  Ce fruit regorge de bêta-cryptoxanthine et de vitamine C antioxydante. Très populaire, l’orange représente 70% de la production mondiale d’agrumes. D’une manière générale, les jus de fruits sont plus riches en sucres et plus pauvres en fibres que les fruits entiers. Les agrumes (citrons, limes, oranges, pamplemousses), grâce en autre à l’hespéridine, qui préserve l’intégrité des vaisseaux sanguins, contribuent ainsi à réduire les processus inflammatoires, une propriété associée à la prévention de cancers, en particulier ceux du tractus digestif.   

Le Cassis (Ribes nigrum) : la vitamine C des baies de cassis, contrairement aux agrumes, se conserve étonnamment bien grâce à sa remarquable stabilité. Ce fruit exerce un effet tonique qui stimule notre résistance aux infections.  Ses feuilles, plus riches en anthocyanosides, sont recommandées en cas de fragilité capillaire, d’infection urinaire et de crises rhumatismales. Le bourgeon est très réputé en gemmothérapie pour son activité anti-inflammatoire…

Ce sont spécialement les petits fruits, surtout à l’état sauvage, qui constituent une source exceptionnelle de vitamines et de polyphénols au potentiel anti-inflammatoire, mais aussi anticancéreux. Nommons en plus des fruits mentionnés plus haut : les bleuets, les canneberges, les mûres et les baies de sureau. Quel plaisir de les cueillir pendant la saison estivale et de pouvoir les savourer toute l’année grâce à la congélation.  

Bon été et bonne cueillette !    

@ L’Académie HerbHoliste 2023