Le secret des plantes

Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste

Beaucoup de plantes semblent nous dévoiler leur pouvoir thérapeutique par leur ressemblance marquante avec des parties du corps humain. Leurs formes, leurs comportements timides ou envahissants, leurs couleurs, tout concourt à nous dévoiler leurs secrets. Nos ancêtres, par l’observation des animaux, ont remarqué la capacité innée des êtres vivants à trouver des remèdes dans la nature et un instinct sûr permettant de distinguer les plantes toxiques des plantes bénéfiques. Au XIIe siècle Hildegarde de Bingen avait remarqué que les feuilles de la pulmonaire officinale évoquent les alvéoles des poumons. Aussi, elle recommandait cette plante dans les affections pulmonaires pour ses propriétés émollientes, expectorantes et astringentes. Au XVIe siècle, Paracelse formalise sa célèbre théorie des signatures affirmant que : « tout ce que la nature crée, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher. »

Si certaines constatations sont depuis longtemps désuètes, d’autres sont encore confirmées par la médecine contemporaine. C’est le cas du saule qui, avec sa forme courbée et ses « pieds » dans l’eau, servaient à soigner les rhumatismes. On en extrait aujourd’hui le fameux acide salicylique, connu sous le nom de l’aspirine. Les chamanes d’hier comme d’aujourd’hui basent leurs soins en s’appuyant sur une observation aigüe, en plus d’une connaissance approfondie des plantes, héritées de traditions orales transmises de génération en génération.

Pulmonaire (Pulmonaria officinalis)

Voici quelques observations personnelles classées par système du corps humain :

Système nerveux : le Pavot de Californie, avec ses feuilles finement découpées sur un long pétiole fin à l’allure presque hypnotique, possède des propriétés sédatives et analgésiques.

Système cardio-vasculaire : la feuille palmée du Marronnier d’Inde rappelle la forme des doigts. Ses graines facilitent le retour veineux dans son parcours des doigts de pieds vers le cœur.

Système respiratoire : le Sapin baumier, à l’odeur vivifiante, tonifie notre « arbre pulmonaire ». Ce conifère, comme le pin et l’épinette, soigne nos rhumes et catarrhes bronchiques.

Système urinaire : les feuilles douces de la Guimauve sont émollientes et calme l’irritation des voies urinaires. La verge d’or au nom évocateur combat les affections urinaires.

Système tégumentaire : on comprend facilement le pouvoir cicatrisant de la consoude, car le moindre petit fragment de racine laissé en terre permet à la plante de se cicatriser pour renaître.

Système endocrinien : la Myrrhe, à l’odeur calmante d’encens, soigne l’hyperthyroïdie. Par contre la Myrte à cinéole nous rappelle le pin tonifiant et traite plutôt l’hypothyroïdie.

Scrofulaire noueuse (Scrophularia nodosa)

Système immunitaire : la Scrofulaire noueuse, dont l’aspect globuleux évoque la forme de tubercules, réduit les nodules, les kystes et l’inflammation des ganglions lymphatiques.

Système digestif : les graines et les fines herbes, que l’on utilise en cuisine, facilitent la digestion. Le pissenlit, avec ses feuilles en forme de flèches, agit sur le grand gestionnaire qu’est le foie.

Système osseux et musculaire : la Prêle, avec sa tige stérile sans fleurs ni feuilles, tel un squelette, permet de soulager l’arthrite, l’ostéoporose, les lombalgies, grâce à ses oxydes de silice.

Système reproducteur : le Jasmin au parfum intense et chaud a une action sur le système nerveux et l’appareil génital. Il avive le désir sexuel et traite les dysménorrhées.

Périnatalité : le bouton floral du Clou de Girofle, avec sa tête globuleuse, rappelle la tête du bébé naissant. L’Huile essentielle de Giroflier facilite l’accouchement par son pouvoir anesthésiant.

Bien sûr, on ne peut illustrer toutes les caractéristiques, nombreuses et complexes, des plantes ci-dessus. Dans une approche plus moderne et scientifique, nous verrons dans les prochains Info-Verte, les propriétés médicinales de certaines familles botaniques et les familles biochimiques des huiles essentielles en lien avec les diathèses : infection, inflammation et sclérose.

Il n’en reste pas moins que l’observation des formes, goûts et odeurs des plantes se gravent dans notre mémoire, en impliquant nos sens et nos émotions, et complète une étude intellectuelle ou  exclusivement livresque. Tous ces savoirs constituent une excellente aide mnémotechnique…

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