Les pionniers de la botanique
Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste
La botanique nous permet de connaître la morphologie et l’anatomie des plantes (racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits, graines), sa nomenclature (famille, nom scientifique complet,) afin de bien identifier les plantes, et de pouvoir monter un herbier. C’est pourquoi la botanique est indispensable à l’étude des plantes médicinales, afin de les utiliser de manière appropriée pour chaque personne…
Mais d’abord, connaissons-nous nos prédécesseurs, d’une époque florissante pas si lointaine ?
Ainsi, un grand essor des sciences naturelles se développe au Québec au début du vingtième siècle. Le frère Adrien Rivard met sur pied en 1931, le prototype de ce qui deviendra officiellement le réseau des Cercles des jeunes naturalistes (CJN), sous la tutelle de la Société canadienne d’histoire naturelle. Le grand succès initial des CJN s’explique, en bonne partie, par l’implication soutenue de plusieurs congrégations religieuses enseignantes, particulièrement féminines… Les jeunes y étaient entre autres invités à organiser toutes sortes de collections, comme un herbier de végétaux…
En 1931, le père Louis-Marie publie Flore-Manuel de la Province de Québec, un volume de 320 pages, illustré de 2,100 dessins par Marcel Makhes. C’était l’outil pédagogique nécessaire pour son enseignement de la botanique aux étudiants en agronomie à l’Institut agricole d’Oka.
En 1935, Marie-Victorin dédie sa Flore laurentienne, une œuvre magistrale, « à la jeunesse nouvelle de mon pays, et particulièrement aux mille jeunes gens et jeunes filles qui forment la pacifique armée des Cercles des jeunes naturalistes. » Ce livre volumineux empreint de poésie, dresse un inventaire floristique de la vallée du Saint-Laurent. Cet ouvrage de 925 pages, reste encore aujourd’hui LA référence dans le domaine.
En cette année fructueuse, Marie-Victorin se réjouit de l’inauguration de l’École de l’éveil, mise sur pied par Marcelle Gauvreau, amie et collaboratrice, qu’il se plaît à nommer une éveilleuse d’âme. La mission de cette école visait à initier les enfants de 4 à 7 ans à l’observation de la nature…
Chaque été, de 1924 à 1928, Marie-Victorin explora avec le frère Rolland-Germain, la grande région de l’Anticosti-Minganie. Ils y feront de nombreuses découvertes, dont 3 espèces nouvelles : le chardon de Mingan (Taraxacum laurentianum), un étonnant pissenlit de l’île de Niapisca ; le Botrychium minganense, une petite plante sans fleur de cette même île, et le cypripède royal (Cypripedium reginal) de l’île à la Vache Marine.
Sa Flore laurentienne terminée, Marie-Victorin consacre toute son énergie à son projet du grand jardin botanique. « Après le grand livre de papier, le grand livre fait de fleurs. » En 1938, on ouvre au public les beautés du jardin des plantes annuelles et celui des espèces dites « économiques ». Le Jardin botanique de Montréal deviendra l’un des plus renommés au monde…
En 1943, Marcelle Gauvreau publie Plantes curieuses de mon pays. Pour mieux initier les jeunes à notre flore enveloppante, elle y met en avant-scène onze plantes du « pays laurentien » : dont l’asclépiade, le petit prêcheur, le kalmia, la sanguinaire, l’ancolie du Canada, le sabot de la Vierge.
L’Asclépiade tubéreuse est une plante vivace d’environ 1 mètre de haut à feuilles étroites lancéolées et à fleurs orange ou jaune. La racine extraite au printemps, favorise l’expectoration des mucosités, utile dans le traitement des affections respiratoires.
La Sanguinaire du Canada est une plante vivace de 15 cm de haut, à feuille lobée et à fleur blanche de 8 à 16 pétales. On utilise le rhizome comme expectorant et antispasmodique préconisé contre la bronchite et l’asthme. Cependant elle est vomitive et toxique à forte dose.
Le Sabot de la Vierge est une orchidée vivace de 50 cm de haut, à feuilles lancéolées et à fleurs jaune et pourpre. Grâce à ses propriétés sédatives et relaxante, son rhizome traite l’anxiété, les troubles liés au stress, les crises d’angoisse et soulage les affections névrotiques…
Profitons des derniers beaux jours de l’été pour observer la nature riche en récolte et surtout de développer notre intérêt et notre admiration pour Dame Nature, si grandiose et généreuse.
Ainsi, pour se connecter avec la nature, on peut par exemple visiter le Parc Marie-Victorin à Kingsey Falls, son village natal qui lui rend hommage. Considéré comme l’un des plus grands jardins du Québec, il comprend une serre tropicale et 6 merveilleux jardins thématiques : le sentier des curiosités, le jardin des oiseaux, des cascades, des milieux humides, un potager santé et le jardin des mosaïcultures géantes, représentant les voyages d’exploration du frère Marie-Victorin…
@ L’Académie HerbHoliste 2024