Contrer la déprime saisonnière
Sylvie Mireault, naturopathe-herboriste
Les journées qui raccourcissent, la grisaille et la froidure qui s’installent en novembre nous rendent vulnérables à la déprime, en nous plongeant dans une mélancolie et une torpeur qui se rapprochent d’une véritable dépression, si cet état se prolonge plus de deux semaines et s’accentue au point de perturber excessivement l’estime de soi et les activités physiques ou mentales.
La dépression saisonnière est en fait une déprime qui survient à mesure que les jours raccourcissent et que la lumière s’atténue, soit la période précédant ou suivant Noël ; les troubles s’amenuisent à mesure que les journées commencent à rallonger. Nous vivons tous des moments de déprime ou de fatigue pendant la saison froide, comme si nous aimerions hiberner comme des ours. Cependant, lorsqu’elle devient débilitante, elle s’avère une véritable maladie qui affecte environ 5% des populations des pays nordiques, dont quatre fois plus de femmes…
Le manque d’exposition au soleil semble perturber les taux de mélatonine dans l’organisme. Comme cette hormone stabilise nos biorythmes et régule nos habitudes de veille et de sommeil, la réduction de sa sécrétion peut entraîner une augmentation de cortisol, soit « l’hormone du stress ». De plus, le manque de mélatonine diminue le taux de sérotonine, « l’hormone du bonheur », qui joue un rôle capital dans la gestion de l’humeur.
Les allergies alimentaires et les carences nutritionnelles peuvent jouer un rôle non négligeable sur les activités biochimiques du cerveau, nécessaires à la production de ces hormones. On connait aussi le rôle du tryptophane, un acide aminé agissant comme antidépresseur naturel, qui est une matière première pour fabriquer le neurotransmetteur qu’est la sérotonine. On peut augmenter notre dose de tryptophane en mangeant des graines de courge, de tournesol, d’onagre, du fromage cottage, de la dinde, du poisson, du yogourt, des bananes, des dattes, des cacahuètes etc… De plus, les aliments riches en vitamines B, dont l’acide folique (B9) et la vitamine B6 (épinard, brocoli, okra, choux de Bruxelles…) de même que la vitamine B12 (canard, thon, œufs, maïs, spiruline, levure enrichie, tamari…) aident à maintenir des taux élevés de neurotransmetteurs…
Voici quelques plantes soulageant les dépressions légères et transitoires :
Le Millepertuis : a un effet tonique sur les états anxieux qui provoquent tensions, insomnies et dépressions. Antidépresseur naturel, son hypéricine contre les états de lassitude nerveuse accompagnée d’une perte d’intérêt et de troubles du sommeil. Le millepertuis permet à la sérotonine de rester plus longtemps dans le cerveau des personnes qui ont tendance à l’éliminer rapidement…
Le millepertuis est contre-indiqué lors d’exposition au soleil, il diminue l’effet de la pilule contraceptive, il est déconseillé pendant la grossesse et l’allaitement, en cas d’allergie et de traitement à base de digoxine, théophylline ou d’antimigraineux de la famille des triptans…
L’Ashwagandha (ou Withania) : les acétylstérylglucosides que contient ses racines lui confère des propriétés antistress. Tonique et sédatif, l’ashwagandha est un fortifiant en cas de surmenage de fatigue nerveuse et d’anxiété. Il calme, renforce les nerfs, favorise la relaxation et assure un sommeil réparateur. De plus, il soigne l’anémie grâce à sa forte teneur en fer.
L’Ashwagandha est contre-indiqué chez les femmes enceintes ou allaitantes. Il peut interférer avec les barbituriques ou les anxiolytiques en renforçant l’action de ces médicaments.
Le Ginseng : ses ginsénoïdes sont à l’origine des propriétés toniques de sa racine. Cet important adaptogène combat les effets du stress, traite l’asthénie et facilite la convalescence. Son effet régulateur sur l’adrénaline favorise un état de bien-être. Traitement de 3 mois maximum.
Contre-indications : grossesse, enfants, sujets obèses, insomnie, diabète, hypertension artérielle. Interactions avec les hypoglycémiants et les antidépresseurs (IMAO).
Consultez d’abord un spécialiste de la santé si vos symptômes sont sévères ou prolongés et pour obtenir un traitement adéquat surtout si vous prenez des médicaments antidépresseurs.
On pourrait citer le Ginkgo biloba et le Romarin, qui favorisent l’apport d’oxygène au cerveau, le Gotu kola qui renforce l’action du Ginkgo en apportant calme et clarté d’esprit, la Mélisse qui contre l’anxiété et la nervosité, l’Angélique archangélique dont l’action sur le cerveau se traduit par des idées plus claires et davantage d’assurance, et la Réglisse tonique des surrénales.
En plus de plantes adaptées à votre situation, une alimentation adéquate, une bonne oxygénation et des exercices journaliers contribueront à augmenter le taux de sérotonine. La luminothérapie à spectre complet procure aussi un grand soulagement pouvant contrer la déprime saisonnière…
@ L’Académie HerbHoliste 2024